Les prémices d’une accalmie

Dans la tourmente de la vie publique malienne, deux événements se sont produits, la semaine dernière, pouvant être perçus comme les prémices d’une accalmie.
Le premier relatif à la mise en place, le 31 janvier, d’un cadre de concertation nationale, créé sur le papier le 17 janvier précédent. Composé de 200 membres dont 5 ministres et 11 experts du gouvernement, 18 présidents et 149 experts de partis politiques (de la majorité et de l’opposition y compris l’URD de Soumaïla Cisse) 2 chefs de file et 9 représentants des mouvements armés signataires de l’accord pour la paix du 15 juin 2015, 6 représentants de la société civile, il a ‘’ vocation à être consulté sur les orientations à donner au Comité d’experts chargé de l’élaboration des réformes administratives et institutionnelles’’.
Lesquelles se rapportent à la révision de la Constitution, notamment pour faire de la place à la création d’un Sénat et d’une Cour des comptes, à la modification de la loi électorale pour introduire une dose de proportionnelle au système électoral, à la création de nouvelles circonscriptions administratives et collectivités territoriales pour une décentralisation plus poussée, aux projets de loi organiques fixant le nombre des élus à l’Assemblée nationale et au chronogramme des élections référendaires, législatives, municipales, régionales projetées au cours de 2019.
Le but recherché est, à l’évidence, de réaliser un consensus national autour de l’élaboration et la mise en œuvre de ces reformes, ce qui induira une pacification de la sphère politique, essentielle pour envisager l’avenir avec sérénité.
Le second événement a trait à la levée du préavis de grève générale de cinq jours (11 au 15 février) déposé par l’UNTM. Elle épargne au pays un manque à gagner financier bien plus important que celui occasionné par la grève générale de trois jours en janvier. Sans compter le mécontentement des populations confrontées à des difficultés pour faire bouillir la marmite ou se soigner dans les structures sanitaires.
Elle éloigne par dessus par-dessus tout le spectre hideux d’une grève générale illimitée à laquelle Yacouba Katilé et ses camarades avaient menacé de recourir en dernier ressort si leurs doléances n’étaient pas satisfaites. Ils ont eu gain de cause sur 11 de ces 12 doléances.
In fine l’entente conclue entre les autorités et la principale centrale syndicale du pays lève l’hypothèque qui pesait sur la tenue de ‘’la conférence sociale’’ qu’elle récusait comme cadre de discussion des revendications des travailleurs salariés. Elle restera toutefois ouverte aux nombreux autres syndicats sur pied de guerre auxquels elle offrira l’opportunité de négocier une grille salariale plus avantageuse que celle qui existe présentement et fait l’objet de vigoureuses contestations.
Après les larges concessions faites aux pensionnaires de la Bourse du Travail, il serait étonnant que le gouvernement ne fasse pas montre à leur égard d’une égale générosité.
Le tout est de savoir où son chef, Soumeylou Boubèye Maïga, compte trouver les ressources pour respecter les engagements contractés. Ainsi que IBK l’y enjoint.
Saouti Haïdara
Source: l’Indépendant