Iran: Nasrin Sotoudeh, le combat par la voix

L’éminente avocate iranienne, fraîchement nommée citoyenne d’honneur de la Ville de Paris, purge actuellement une peine de trente-huit années de prison. Elle est aussi condamnée à 148 coups de fouet pour « outrage au tribunal ». Au fil du temps, Nasrin Sotoudeh s’est imposée comme le visage de la lutte pour les droits humains dans un pays où ils sont bien souvent bafoués. Une pétition demandant sa libération a recueilli près de 300 000 signatures.
« Une battante », « un modèle d’opiniâtreté », « un symbole de résilience ». À l’évocation de Nasrin Sotoudeh, on ne récolte qu’éloges et formulations flatteuses. Il faut dire qu’à travers ses combats, en tête desquels trônent la lutte contre le port obligatoire du hijab et la défense des opposants politiques, l’avocate iranienne s’est bâtie une solide réputation dans son pays. Sa notoriété n’a pas tardé à franchir les frontières de la République islamique : la juriste s’est hissée en porte-étendard de la lutte pour les droits humains aux yeux de la communauté internationale. En témoigne la récompense qui lui a été attribuée le 1er avril : la citoyenneté d’honneur de la Ville de Paris. Le Conseil de Paris estime que « ses combats la rapprochent des valeurs de la capitale ».
Son activisme l’a toutefois conduite à de multiples séjours en prison. Depuis juin 2018, elle est incarcérée dans une geôle de la prison d’Evin, au nord de Téhéran. Une pétition, lancée par le Conseil national des barreaux de France, appelant l’Iran à la libérer, a recueilli près de 300 000 signatures à ce jour. Une demande réitérée par Emmanuel Macron durant son entretien avec le président Rohani mardi 9 avril.
Le caractère bien trempé de l’avocate de 55 ans surgit dès sa jeunesse. Nasrin Sotoudeh est issue d’une famille traditionnelle, comme on trouve pléthore dans l’Iran des années 1960. Si sa mère portait le voile, ni elle ni son conjoint n’en ont fait un impératif pour leur fille Nasrin. « Si on m’avait obligée à le mettre, j’aurais refusé », expliquera-t-elle tout simplement à Sara Saidi, correspondante du quotidien Libérationà Téhéran entre 2016 et janvier 2019, dans une interview. Et la journaliste de préciser : « C’est bien la preuve d’une certaine force de conviction ».
Source: Rfi